Adonc Marquet, grand bâtonniers de la confrérie des fouaciers, lui dit: "Vraiment, tu es bien acrêté à ce matin; tu mangeas hier soir trop de mil. Viens ça, viens ça, je te donnerai de ma fouace. " Lors Frogier en toute simplesse approcha, tirant un onzain de son baudrier, pensant que Marquet lui dût dépocher de ses fouaces, mais il lui bailla de son fouet à travers les jambes si rudement que les nuds y apparaissaient; puis voulut gagner à la fuite. Mais Frogier s'écria au meurtre et à la force tant qu'il put, ensemble lui jeta un gros tribard qu'il portait sous son aisselle, et j'atteignit par la jointure coronale de la tête , sur l'artère crotaphiaue, du côté dextre, en telle sorte que Marquet tomba de sa jument ; mieux semblait homme mort que vif . |
Alors
Marquet, grand bâtonnier de la confrérie des fouaciers, lui
dit : " Vraiment, tu es fier comme un coq
ce matin: tu as mangé trop de mil hier soir! Viens là, viens là, je vais te donner de ma fouace. " Alors Frogier approcha sans méfiance et tira une pièce de sa ceinture, pensant que Marquet allait lui déballer des fouaces, mais celui-ci lui donna de son fouet à travers les jambes si brutalement qu'on y voyait la marque des nuds. Puis il chercha à s'enfuir. Mais Frogier cria au meurtre et à la violence tant qu'il put, et en même temps, il lui lança une grosse trique qu'il tenait sous l'aisselle et l'atteignit par la jointure coronale de la tête, sur l'artère temporale, du côté droit, si bien que Marquet tomba de sa jument. Il semblait plus mort que vif. |
bâtonnier
: porteur du bâton de la confrérie dans les processions; le
mot s'est maintenu chez les avocats. acrêté : (effronté comme un coq dont la crête se dresse mil : les coqs qui ont mangé du mil (millet) deviennent combatifs |
onzain
: pièce de onze deniers baudrier : ceinture( dans laquelle on serre son argent) dépocher : sortir d'un sac force : coup de force, violence la jointure coronale de la tête : la suture fronto-pariétale |
chapitre 25